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réception amicale qu’on leur avait faite dans son pays. On observera que, quoique O-maï ait toujours vécu en Europe au milieu des amusemens, l’idée de retourner dans sa patrie n’est jamais sortie de son esprit : il n’était pas impatient de partir, mais il témoignait du contentement à mesure que le moment approchait. Il s’est embarqué avec moi sur la Résolution, lorsqu’elle a été armée pour un autre voyage. Il est parti chargé de présens, pénétré de reconnaissance des bontés dont il avait été l’objet, et après avoir subi heureusement l’inoculation de la petite-vérole[1].

» Au moment, dit Forster, où il partit d’Houaheiné, il semblait être un homme du peuple : il n’osait pas aspirer à la compagnie du capitaine, et préférait celle de l’armurier et des matelots. Mais quand il fut au Cap, où Cook l’habilla à l’européenne, et le présenta aux personnes les plus distinguées, il déclara qu’il n’était pas teouteou, et prit le titre d’hoà, ou d’officier du roi. On a raconté mille histoires fabuleuses sur cet Indien ; on a dit entre autres qu’il était prêtre du soleil, dignité qui n’a jamais existé dans les îles d’où on l’a amené.

» Il a passé pour très-stupide chez les uns, et très-intelligent chez les autres. Sa langue, qui n’a point d’aigres consonnes, et dont chaque mot finit par une voyelle, avait si peu

  1. Cette maladie a, comme on l’a vu précédemment, fait périr Aotourou, le Taïtien que Bougainville avait amené en France, et qui reçut à peu près la même éducation qu’O-maï.