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çoit aisément, sont peu considérables, et réservées pour la bouche des chefs.

» Je retournai dîner à bord, et après midi je fis avec mon père et plusieurs de nos messieurs une seconde excursion sur la côte ; on nous apprit que les chefs de l’île paraîtraient le jour suivant. Les naturels ne nous importunaient pas beaucoup, et nous n’en eûmes que quinze ou vingt à notre suite. Si nous étions moins tourmentés ici qu’à Taïti, la petitesse de l’île était la principale cause de cette différence ; mais il faut ajouter que les habitans d’Houaheiné ne nous connaissaient pas assez pour espérer du profit à nous accompagner ; et, en général, ils ne montraient pas ce degré de curiosité et de frayeur naturel aux Taïtiens, qui avaient de bonnes raisons de craindre la puissance terrible de nos armes à feu.

» Notre ami Poréo, le Taïtien que nous avions embarqué, vint à terre avec nous : il avait un habit de toile et des culottes, et portait la poire à poudre et la gibecière du capitaine Cook. Il nous dit qu’il désirait passer pour un de nos gens, et pour cela il ne parlait jamais taïtien, mais il marmottait des mots inintelligibles qui en imposaient à la multitude : afin d’augmenter l’illusion, il ne voulait plus qu’on l’appelât du nom de Poréo, et demanda qu’on lui en donnât un anglais : les matelots le nommèrent sur-le-champ Tom, ce qui lui plut extrêmement ; il apprit bientôt le terme ordinaire sir (monsieur) qu’il rendait par yorro. Nous