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de Toutahah, on l’appelait moraï d’Otou : belle leçon pour les princes, qu’on fait souvenir ainsi pendant leur vie qu’ils sont mortels, et qu’après leur mort le terrain qu’occupera leur cadavre ne sera pas même à eux ! Le chef et sa femme ôtèrent en passant leurs vêtemens de dessus leurs épaules, marque de respect que donnent les insulaires de tous les rangs devant un moraï, et qui semble attacher à ces lieux une idée particulière de sainteté. Peut-être suppose-t-on qu’ils sont honorés de la présence immédiate de la Divinité, suivant l’opinion qu’on a eue des temples dans tous les temps et chez toutes les nations.

» Au delà du moraï nous côtoyâmes de près un des plus beaux cantons de Taïti, où les plaines paraissaient très-spacieuses, et où les montagnes se prolongeaient par une douce pente en une longue pointe. Un nombre prodigieux d’habitans bordait les rivages couverts de gazon et ombragés de palmiers jusqu’aux bords de l’eau. La multitude nous reçut avec des acclamations de joie, et on nous conduisit à un groupe de maisons cachées sous des arbres.

» On nous mena ensuite à O-tou : il était assis à terre, les jambes croisées, à l’ombre d’un arbre, et une immense troupe de ses sujets formait un cercle autour de lui. Après les premiers complimens, Cook lui offrit tout ce qui lui parut avoir plus de prix à ses yeux : il fit d’autres présens à plusieurs personnes de sa