Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nommée Pointe Vénus, et tout le monde convint que c’est, sans aucune comparaison, la plus belle partie de l’île. Le district de Malavaï, qui se montrait à nos yeux, présentait une plaine plus étendue que nous ne pensions ; et la vallée, qui remonte entre les montagnes, formait un bocage très-spacieux, comparé aux petites clairières étroites de Tierêbou. En doublant cette pointe à trois heures, nous la vîmes couverte d’une foule prodigieuse d’insulaires qui nous regardaient avec attention ; mais dès que nous fûmes à l’ancre dans la belle baie que cette pointe protège, la plus grande partie des Taïtiens fit précipitamment le tour le long du rivage, et franchit une colline pour aller à Oparri, canton voisin à l’ouest. Nous n’aperçûmes dans toute la troupe qu’un seul homme dont les épaules fussent couvertes. O-ouahaou nous dit que c’était le roi O-tou. Il était grand et d’une taille bien prise : il s’enfuit lestement avec ses sujets, auxquels vraisemblablement nous fîmes peur.

» Quoiqu’il fît presque nuit quand nous jetâmes l’ancre, nos ponts furent en un moment remplis de Taïtiens. La reconnaissance qui se fit entre eux et plusieurs de nos officiers et de nos matelots fut très-touchante. Le vieux et respectable O-ouahaou, dont on cite le caractère paisible et la bienveillance dans la relation du premier voyage de Cook, se ressouvint tout de suite d’avoir vu M. Pickersgill, et, l’appelant par son nom taïtien Pétrodoro, compta