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vaille les productions de la terre, pour s’engraisser comme les parasites privilégiés des peuples policés, sans rendre le moindre service à la société. Son indolence ressemblait à celle qu’on observe fréquemment dans l’Inde et les états de l’Orient, et méritait toutes les marques de l’indignation que sir John Mandeville exprime dans la relation de ses voyages d’Asie.

» En quittant ce Taïtien hébété, nous nous séparâmes : j’accompagnai M. Hodges et M. Grindall, que le bon insulaire chargé du portefeuille avait invité avec empressement à sa maison. Nous y arrivâmes à cinq heures du soir : c’était une cabane petite, mais propre, devant laquelle un grand tapis de feuilles vertes était étendu sur des pierres, et par-dessus une quantité prodigieuse d’excellens cocos et de fruits à pain parfaitement grillés. Notre hôte courut sur-le-champ vers un homme et une femme âgée qui travaillaient à écarter les rats du milieu du festin ; et il nous présenta son père et sa mère, qui témoignèrent beaucoup de joie de voir les amis de leur fils, et nous prièrent d’accepter le repas qu’ils nous avaient préparé. Nous fûmes d’abord étonnés de voir ces fruits tout prêts ; mais je me souvins que notre ami avait envoyé en avant un de ses camarades, il y avait quelques heures : comme c’était le premier repas en règle de la journée, on conçoit aisément que nous mangeâmes de bon appétit. Il est impossible d’exprimer la satisfaction que nous témoignèrent le père et la mère