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» Malgré la réception amicale qu’on nous faisait de toutes parts, les insulaires avaient grand soin de cacher leurs cochons à nos yeux : si nous en parlions, ils semblaient affligés ; ils disaient qu’ils n’en avaient point, ou ils nous assuraient qu’ils appartenaient à Ouahitoua, leur roi. Quoique nous vissions des étables pleines presque autour de chaque hutte, nous ne fîmes plus semblant de nous en apercevoir ; cette conduite augmenta leur confiance envers nous.

» Après une marche d’un ou deux milles, nous nous assîmes sur de grandes pierres qui formaient une espèce de cour pavée devant une maison, et nous priâmes les habitans de nous donner du fruit à pain et des cocos en échange de nos marchandises ; ils nous en apportèrent à l’instant, et nous déjeunâmes. La foule qui nous suivait se tint à quelque distance, ainsi que nous l’avions désiré, pour que personne ne nous prît nos armes, etc., que nous étions obligés de quitter en mangeant. Afin de nous mieux traiter , on nous offrit une écale de coco remplie de petits poissons frais, que les Taïtiens ont coutume de manger crus, sans autre sauce que de l’eau ; j’en goûtai, et je ne les trouvai point désagréables ; mais comme nous étions dans l’usage de les manger cuits, nous les distribuâmes avec le reste du fruit à ceux de nos favoris qui se trouvaient dans la foule.

» Nous poursuivîmes alors notre promenade