Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accidens avec beaucoup plus de tranquillité que l’on n’aurait dû s’y attendre. Les ponts et les planchers de chaque cabane étaient continuellement humides ; le hurlement de la tempête et le mugissement des vagues ajoutés à l’agitation violente du vaisseau, qui nous interdisait presque toute espèce de travail, formaient pour nous des scènes nouvelles et imposantes, mais en même temps très-pénibles et fort désagréables.

» Ces petits malheurs manquèrent d’être suivis d’un grand. Un volontaire logé à l’avant du vaisseau s’éveilla tout à coup au milieu de la nuit, et entendit le bruit de l’eau qui courait dans son poste, et qui brisait contre son coffre et ceux de ses camarades. Après avoir sauté hors de son lit, il se trouva dans l’eau jusqu’à mi-jambe. Il en avertit l'officier de quart, et, dans un moment tout l’équipage fut sur pied : on fit jouer les pompes ; les officiers encourageaient les matelots, avec une douceur alarmante, à travailler vivement : cependant l’eau semblait l’emporter sur nos efforts ; tout le monde était rempli d’une terreur qu’accroissait encore l’obscurité de la nuit : on se servit en outre des pompes à chapelets ; enfin un des matelots découvrit heureusement que l’eau entrait dans la soute du maître d’équipage par un hublot qui avait été enfoncé par la force des lames. On le répara sur-le-champ, et nous sortîmes de danger ; mais les habits, les meubles et les effets de tout l’équipage furent trempés. Il aurait été