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» Des trois femmes, l’une était son épouse, et les deux autres ses sœurs : les deux plus jeunes eurent beaucoup de plaisir à nous apprendre à les appeler par leurs noms, qui étaient assez harmonieux : l’une portait celui de Maroya, et l’autre celui de Maroraï. Elles étaient encore plus blanches qu’O-Taï, mais plus petites au moins de neuf ou dix pouces. Maroraï avait la figure la plus gracieuse, les mains parfaitement potelées, et les contours des bras, des épaules et des reins, d’une délicatesse inexprimable ; leurs traits n’étaient pas si réguliers que ceux de leur frère, mais un sourire ineffable embellissait leur visage. Elles semblaient n’être jamais venues à bord de vaisseaux, car tous les objets excitaient leur admiration : elles ne se contentèrent point de regarder autour des ponts ; elles descendirent dans les cabanes des officiers, où un de nos messieurs les conduisit, et elles en examinèrent les plus petits détails avec attention. Maroraï prit fantaisie d’une paire de draps qu’elle aperçut sur un des lits, et fit différentes tentatives inutiles pour les obtenir de son conducteur. Celui-ci lui demanda en échange une faveur particulière. Après avoir hésité un instant, elle y consentit avec une feinte répugnance ; mais au moment où la victime approchait de l’autel de l’hymen, un événement malheureux interrompit la solennité. Notre vaisseau toucha contre un rocher ; il fallut tout quitter pour le secourir.