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assisté au concert, nous fûmes bientôt réunis. Peu de temps après, Toutahah parut, et nous le pressâmes de chercher nos habits qu’on avait dérobés ; mais nous ne pûmes jamais lui persuader, non plus qu’à Obéréa, de faire aucune démarche à cet effet, et nous soupçonnâmes alors qu’ils étaient complices du vol. Sur les huit heures, M. Solander vint nous joindre ; il avait passé la nuit dans une case à un mille de distance, chez des hôtes plus honnêtes que les nôtres, et on ne lui avait rien pris.

« Nous perdîmes alors tout espoir de recouvrer nos habits, dont en effet nous n’avons jamais entendu parler dans la suite, et nous passâmes toute la matinée à demander les cochons qu’on nous avait promis ; mais nos tentatives furent également sans succès. Sur le midi, nous marchâmes vers le canot, assez mécontens, et n’emportant rien avec nous que ce que nous avions acheté la veille du boucher et du cuisinier de Toutahah.

« En retournant au canot, nous eûmes un spectacle qui nous dédommagea, en quelque manière, de nos fatigues et de nos pertes. Chemin faisant, nous arrivâmes à un des endroits, en petit nombre, où l’île n’est pas environnée par des récifs et où par conséquent un ressac violent brise sur la côte ; les lames étaient des plus effrayantes que j’eusse jamais vues ; il aurait été impossible à un de nos canots de s’en tirer ; et si le meilleur nageur de l’Europe avait été, par quelque accident, ex-