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Les lumières et le son l’amenèrent dans une case où j’étais avec trois autres personnes du vaisseau. Il nous distingua aisément du reste de la foule ; il s’approcha presque nu, et nous raconta sa triste aventure ; nous le consolâmes comme les malheureux se consolent entre eux : nous lui dîmes que nous avions été aussi maltraités que lui ; je lui fis voir que j’avais les jambes nues, et lui dis qu’on avait volé mes bas sous ma tête, quoique je fusse sûr de ne pas avoir dormi. Mes compagnons lui prouvèrent aussi, en se montrant, qu’ils avaient perdu leur habit. Nous résolûmes pourtant d’entendre la musique, quelque mal vêtus que nous fussions. Le concert était composé de quatre tambours, de trois flûtes et de plusieurs voix ; il dura environ une heure ; et lorsqu’il fut fini, nous nous retirâmes dans les endroits où nous avions couché, après être convenus que jusqu’au lendemain matin nous ne ferions aucune démarche pour retrouver nos habits.

« Le 28, nous nous levâmes à la pointe du jour, suivant l’usage de l’île. Le premier homme que vit M. Banks fut Topia, qui gardait fidèlement son fusil. Obéréa lui apporta bientôt quelques vêtemens de son pays, pour lui servir au défaut des siens ; de sorte qu’en nous abordant il portait un habillement bigarré, moitié à la taïtienne et moitié à l’anglaise. Excepté le docteur Solander, dont nous ne connaissions pas le gîte, et qui n’avait point