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sortit avec Obéréa afin de découvrir le voleur. M. Banks, n’était pas en état de les accompagner : on ne lui avait rien laissé que sa culotte ; on avait pris son habit, sa veste, ses pistolets, sa poire à poudre, et plusieurs autres effets qui étaient dans ses poches. Une demi-heure après, Obéréa et Toutaha revinrent, mais sans avoir rien appris ni sur les vêtemens, ni sur le voleur. M. Banks commença à avoir des craintes ; on n’avait pas emporté son fusil, mais il avait négligé de le charger ; il ne savait pas où le docteur Solander et moi passions la nuit, et, en cas de besoin, il ne pouvait pas recourir à notre secours. Il crut cependant qu’il valait mieux ne point montrer de crainte ni de soupçon à l’égard des Taïtiens avec qui il était ; il donna son fusil à Topia, qui s’était éveillé au milieu du désordre, et qu’il chargea d’en prendre soin, en le priant en même temps de rester couché. Il ajouta qu’il était satisfait des peines que Toutahah et Obéréa avaient prises pour retrouver ses effets, quoiqu’elles eussent été inutiles. M. Banks se recoucha assez agité ; il entendit bientôt après de la musique, et il vit des lumières à peu de distance sur le rivage : c’était un concert ou assemblée qu’ils appellent heïva, nom général qu’ils donnent à toutes les fêtes publiques. Comme ce spectacle devait nécessairement rassembler beaucoup d’Indiens, et que je pouvais peut-être m’y trouver, ainsi que d’autres Anglais, M. Banks se leva pour y aller aussi.