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ils nous promirent de retenir dans trois jours.

» Le 10 je semai quelques pépins de melons et des graines d’autres plantes, dans un terrain qui avait été préparé pour cet effet. Nous les avions mises pendant le voyage dans de petites bouteilles bouchées avec de la poix-résine. Excepté la graine de moutarde, aucune autre ne germa ; M. Banks pensa que le défaut absolu d’air avait gâté les graines.

» Nous apprîmes ce jour-là que les naturels donnaient à leur île le nom d’O-Taïti. Après beaucoup de peine, nous reconnûmes qu’il leur était absolument impossible d’apprendre à prononcer nos noms ; lorsqu’ils voulaient les articuler, ils produisaient des mots tout-à-fait différens, dont ils se servaient pour nous désigner. Ils m’appelèrent Touté, et M. Hicks, Hété : ils ne purent jamais venir à bout d’articuler Molineux ; ils appelaient notre maître Boba, de Robert, son nom de baptême ; M. Gore, Toarro ; le docteur Solander, Torano ; M. Banks, Tapané ; M. Green, Etéry ; M. Parkinson, Patini ; M. Sporing, Polini ; Petersgill, Petrodoro : ils avaient formé de cette manière des noms pour presque tous les gens de l’équipage. Il n’était cependant pas facile de découvrir dans ces nouveaux noms des traces de l’original ; c’étaient peut-être moins des sons arbitraires, déterminés par la disposition de leurs organes, que des mots significatifs dans leur propre langue ; par exemple, ils appelèrent Maté, M. Monkhouse, le midshipman, qui comman-