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Taïtiens, et ceux qui s’y rendirent n’apportaient point de provisions. Toutahah cependant fit redemander la pirogue que nous avions détenue, et nous la renvoyâmes. Comme on avait détenu une autre pirogue qui appartenait à Obéréa, Topia, son homme d’affaires lors du voyage du Dauphin, vint examiner si on n’avait rien enlevé de ce qui était à bord : il fut si content de la trouver dans l’état où on l’avait prise, qu’il se rendit au fort, y resta toute la journée, et passa la nuit dans sa pirogue. Sur le midi quelques pêcheurs dans des pirogues vinrent vis-à-vis de nos tentes ; ils ne voulurent nous vendre que très-peu des provisions qu’ils avaient, et pourtant nous avions grand besoin de cocos et de fruits à pain. Pendant le courant de la journée M. Banks alla se promener dans le bois, afin qu’en se familiarisant avec les Taïtiens, il pût recouvrer leur confiance et leur amitié ; ils lui firent des honnêtetés, mais ils se plaignirent du mauvais traitement qu’avait essuyé leur chef ; ils dirent qu’il avait été frappé et traîné par les cheveux. M. Banks tâcha de les convaincre qu’il n’avait souffert aucune violence sur sa personne : peut-être cependant le contre-maître avait exercé contre lui une brutalité dont il rougissait et qu’il craignait d’avouer. Toutahah, se rappelant probablement la manière dont on s’était comporté à son égard, et pensant que nous ne méritions pas les cochons qu’il nous avait laissés en présent, envoya dans l’après-midi un messager pour de-