Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

stance faisait présumer en leur faveur qu’ils étaient exempts d’un vice dont toute la nation est infectée ; mais cette présomption ne pouvait guère contre-balancer les fortes apparences du contraire. C’est pour cela que M. Banks n’accusa qu’avec répugnance le premier de lui avoir volé son couteau ; l’Indien nia le fait fort gravement et d’un air assuré. M. Banks lui fit entendre qu’il voulait absolument qu’on le lui rendît, sans s’embarrasser de celui qui l’avait volé. À cette déclaration, prononcée d’un ton ferme, un des naturels, qui était présent, montra une guenille, dans laquelle trois couteaux étaient soigneusement renfermés, celui que M. Solander avait prêté à la femme, un couteau de table qui m’appartenait, et un troisième dont le propriétaire n’était pas connu. Le chef les prit, et sortit sur-le-champ pour les rapporter dans la tente. M. Banks resta avec les femmes, qui témoignèrent beaucoup de crainte qu’on ne fît quelque mai à leur maître. Enfin le chef arriva à la tente, rendit les couteaux, et commença à chercher celui de M. Banks dans tous les endroits où il l’avait vu. Sur ces entrefaites un des domestiques de M. Banks apprenant ce qui se passait, et n’ayant point entendu dire que le couteau fût égaré, alla le prendre dans un endroit où il l’avait mis la veille. Toubouraï-Tamaïdé, sur cette preuve de son innocence, exprima par ses regards et par ses gestes les émotions violentes dont son cœur était agité ; des larmes