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vu des milliers qui réunissaient toutes leurs forces pour les tenir dans cette position, tandis qu’un grand nombre d’autres étaient occupées à appliquer la substance visqueuse qui devait les empêcher de retourner dans leur premier état. Afin de nous convaincre que les feuilles étaient pliées et maintenues dans cette position par les efforts de ces petites ouvrières, nous troublâmes leurs travaux, et dès que nous les eûmes chassées de l’endroit qu’elles occupaient, les feuilles repliées se détendirent par leur élasticité naturelle avec une si grande force, que nous fûmes surpris de voir comment au moyen de la combinaison de leurs efforts elles avaient pu la dompter. Si nous satisfîmes notre curiosité à leurs dépens, elles se vengèrent de l’injure ; des milliers de ces insectes se jetèrent à l’instant sur nous, et nous causèrent une douleur insupportable avec leurs aiguillons, surtout ceux qui s’attachaient à notre cou et qui pénétraient dans nos cheveux, d’où il n’était pas facile de les écarter. La piqûre de ces aiguillons n’était guère moins douloureuse que celle d’une abeille ; mais, à moins qu’elle ne fût répétée, la souffrance ne durait pas plus d’une minute.

» Les travaux et la manière de vivre d’une autre espèce de fourmis entièrement noires ne sont pas moins extraordinaires. Elles forment leur habitation dans l’intérieur des branches d’un arbre, qu’elles viennent à bout de creuser en tirant la moelle presque à l’extrémité du