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canot et de la brise, nous vîmes que pendant cet intervalle la marée était devenue haute, et, à notre grande surprise, nous trouvâmes le jusant qui sortait avec beaucoup de force par la coupure. Cet incident nous procura pourtant quelque avantage, quoique dans un sens directement contraire à ce que nous attendions ; il nous fut impossible de passer à travers l’ouverture ; mais le courant du reflux qui nous en empêcha nous porta à environ un quart de mille en dehors. Le canal était trop étroit pour que nous pussions nous y tenir plus long-temps ; mais enfin ce jusant aida tellement les canots, qu’à midi nous avions avancé deux milles au large. Nous avions toujours lieu de désespérer de notre délivrance, en cas que la brise, qui s’était calmée alors, vînt à se relever ; car nous étions encore trop près du récif. À la fin du jusant, le flot, malgré tous nos efforts, fit dériver de nouveau le vaisseau. Sur ces entrefaites, nous aperçûmes une autre ouverture près d’un mille à l’ouest, et j’envoyai à l’instant M. Hicks, mon premier lieutenant, dans le petit canot pour l’examiner. En attendant, nous combattions avec le flot, gagnant quelquefois un peu d’espace pour le reperdre bientôt ; tout le monde fit son service avec autant d’ordre et de calme que si nous n’avions point couru de danger. M. Hicks revint sur les deux heures, et nous rapporta que la coupure était étroite et dangereuse, mais qu’on pouvait y passer. Cette seule possibilité fut suffisante pour nous encou-