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nous n’étions pas éloignés de plus d’un demi-mille, et en y arrivant nous n’y trouvâmes que nos gens.

» Nous apprîmes qu’un des insulaires qui était resté autour de la tente après que nous en fûmes sortis, guettant le moment d’y entrer à l’improviste, et surprenant la sentinelle, lui avait arraché son fusil : l’officier qui commandait le détachement, soit par la crainte de nouvelles violences, soit par le désir naturel d’exercer une autorité à laquelle il n’était pas accoutumé, soit enfin par la brutalité de son caractère, ordonna aux soldats de marine de faire feu : ceux-ci ayant aussi peu de prudence ou d’humanité que l’officier, tirèrent au milieu de la foule qui s’enfuyait, et qui était composée de plus de cent personnes ; ils observèrent qu’ils n’avaient pas tué le voleur, ils le poursuivirent et le firent tomber raide mort d’un nouveau coup de fusil : nous sûmes par la suite qu’aucun autre Taïtien n’avait été tué ni blessé.

» Ouaou, qui ne nous avait point quittés, observant qu’il n’y avait plus aucun de ses compatriotes autour de nous, rassembla avec peine un petit nombre de ceux qui avaient pris la fuite, et les fit ranger devant la tente : nous tâchâmes de justifier nos gens aussi bien qu’il nous fut possible, et de convaincre les Indiens que, s’ils ne nous faisaient point de mal, nous ne leur en ferions jamais : ils s’en allèrent sans témoigner ni défiance ni ressentiment ; et après avoir démonté notre tente, nous retournâmes