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ment ils fabriquent le taillant de leurs outils, et de quelle manière ils aiguisent l’arme qu’ils appellent patou-patou ; mais c’est probablement en réduisant en poudre un morceau de la même matière, et en émoulant, au moyen de cette poudre, deux pièces l’une contre l’autre.

» J’ai déjà fait mention de leurs filets, et surtout de leur seine qui est d’une grandeur énorme ; nous en avons vu une qui semblait être l’ouvrage des habitans de tout un village ; je crois aussi qu’elle leur appartenait en commun. Un autre filet est circulaire, et s’étend au moyen de deux ou trois cerceaux. Leurs hameçons sont d'os ou de coquilles, et en général ils sont mal faits. Ils ont des paniers d’osier de différentes espèces et de différentes grandeur, dans lesquels ils mettent le poisson qu’ils prennent, et où ils serrent leurs provisions.

» Leur culture est aussi parfaite qu’on a lieu de l’attendre d’un pays où un homme ne sème que pour lui, et où la terre donne à peine autant de fruits qu’il en faut pour la subsistance des habitans. Lorsque nous étions pour la première fois à Tegadou, canton situé entre la baie de Pauvreté et le cap Est, ils venaient de confier leur récolte future à la terre ; les graines n’avaient pas encore commencé à germer : le terrain était aussi uni que celui de nos jardins : chaque plante avait sa petite butte, le tout rangé en quinconce régulier, au moyen de cordeaux qui, avec les chevilles de bois dont on avait fait usage pour les tendre, étaient encore sur