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hideux qu’on puisse l’imaginer ; il sort de la bouche une langue monstrueuse ; et des coquillages blancs lui servent d’yeux. Les plus grandes pirogues, qui semblent être leurs bâtimens de guerre, sont magnifiquement ornées d’ouvrages à jour, et couvertes de franges flottantes de plumes noires qui forment un coup d’œil agréable ; souvent aussi les planches du plat-bord sont sculptées dans un goût grotesque, et décorées de touffes de plumes blanches placées sur un fond noir.

» Les pagaies des pirogues sont petites, légères et très-proprement faites ; la pale est de forme ovale, ou plutôt elle ressemble à une large feuille. Elle est pointue au bout, plus large au milieu, et elle diminue par degrés jusqu’à la tige ; la pagaie a environ six pieds dans toute sa longueur ; la tige, y compris la poignée, en comprend quatre, et la pale, deux. Au moyen de ces rames, ils font aller leurs pirogues avec une vitesse surprenante.

» Ils ne sont pas fort habiles dans la navigation, ne sachant aller que vent arrière. La voile, qui est de natte ou de réseau, est étendue entre deux perches élevées sur chaque plat-bord, et qui servent à la fois de mâts et de vergues. Deux cordes correspondent à nos écoutes, et sont par conséquent attachées au-dessus du sommet de chaque perche. Quelque grossier et quelque incommode que soit cet appareil, les pirogues marchent fort vite vent arrière, ; elles sont gouvernées par deux hommes