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vier nous fûmes éveillés par le chant des oiseaux : leur nombre était incroyable ; ils semblaient se disputer à qui ferait entendre les sons les plus agréables. Cette mélodie sauvage était infiniment supérieure à toutes celles du même genre que nous avions entendues jusqu’alors ; elle ressemblait à celle que produiraient de petites cloches parfaitement d’accord, et peut être que la distance et l’eau qui se trouvait entre nous et le lieu du concert ajoutait à l’agrément du ramage. En faisant quelques recherches, nous apprîmes que dans ce pays les oiseaux commencent toujours à chanter à environ deux heures après minuit, qu’ils continuent leur musique jusqu’au lever du soleil, et qu’ils demeurent en silence pendant le reste du jour, comme nos rossignols. L’après-midi, une petite pirogue arriva d’un village indien au vaisseau. Parmi les naturels qui la montaient se trouva un vieillard qui était venu à bord de notre vaisseau pour la première fois, lors de notre arrivée dans la baie. Dès qu’il fut près de nous, Topia reprit de nouveau la conversation de la veille sur l’usage de manger la chair humaine, et les Indiens répétèrent ce qu’ils nous avaient déjà dit. « Mais, ajouta Topia, où sont les têtes ? les mangez-vous aussi ? Nous ne mangeons que la cervelle, répondit le vieillard, et demain je vous apporterai quelques têtes pour vous convaincre que nous vous avons dit la vérité. » Après avoir conversé quelque temps avec notre taïtien, ils lui dirent qu’ils s’attendaient à voir