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nous allons en donner qui sont encore plus frappantes. L’un de nous leur demanda s’ils avaient quelques os humains où il y eût encore de la chair ; ils nous répondirent qu’ils l’avaient toute mangée. Comme nous feignîmes de ne pas croire que ce fussent des os d’hommes, et prétendîmes que c’étaient des os de chiens, un des Indiens saisit son avant-bras avec une sorte de vivacité, et en l’avançant vers nous, il dit que l’os que tenait M. Banks dans sa sa main avait appartenu à cette partie du corps ; et pour nous convaincre en même temps qu’il en avait mangé la chair, il mordit son propre bras, et fit semblant de manger. Il mordit aussi et rongea l’os qu’avait pris M. Banks, en le passant à travers sa bouche, et montrant par signes qu’il en avait mangé la chair avec très-grand plaisir ; il rendit ensuite l’os à M. Banks, qui l’emporta avec lui. Parmi les personnes de cette famille, nous vîmes une femme dont les bras, les jambes et les cuisses avaient été déchirées en plusieurs endroits d’une manière effrayante. On nous dit qu’elle s’était fait elle-même ces blessures, comme un témoignage de la douleur que lui causait la mort de son mari, tué et mangé depuis peu par d’autres habitans qui étaient venus les attaquer d’un canton de l’île situé à l’est, et que nos Indiens montraient avec le doigt.

» Le vaisseau mouillait à un peu moins d’un quart de mille de la côte, et le matin du 17 jan-