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Nous avons donné ailleurs une description détaillée des moraïs et des autels qui sont placés dans les environs. Lorsqu’un Taïtien approche d’un moraï pour y rendre un culte religieux, ou qu’il porte son offrande à l’autel, il se découvre toujours le corps jusqu’à la ceinture, et ses regards et son attitude montrent assez que la disposition de l’âme répond à son extérieur.

» Nous n’avons pas reconnu que ces peuples soient idolâtres ; du moins ils n’adorent rien de ce qui est l’ouvrage de leurs mains, ni aucune partie visible de la création : il est vrai que les Taïtiens, ainsi que les habitans des îles voisines, ont chacun un oiseau particulier, les uns un héron, et d’autres un martin-pêcheur, auxquels ils font une attention particulière. Ils ont à leur égard des idées superstitieuses relativement à la bonne ou à la mauvaise fortune, ainsi que la populace parmi nous en a sur l’hirondelle et le rouge-gorge. Ils leur donnent le nom d’éatouas ; ils ne les tuent point, et ne leur font aucun mal ; cependant ils ne leur rendent aucune espèce de culte.

» Je n’ose pas assurer que ce peuple, qui ignore entièrement l’art d’écrire, et qui par conséquent ne peut avoir des lois fixées par un titre permanent, vive sous une forme régulière de gouvernement ; il règne cependant parmi eux une subordination, qui ressemble beaucoup au premier état de toutes les nations