Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

opinions sur l’origine des êtres, que la tradition a transmises dans leur ordre. Ces opinions sont exprimées en phrases détachées ; quelques prêtres en répètent un nombre incroyable, quoiqu’il s’y trouve peu de mots dont ils se servent dans leur langage ordinaire.

» Les prêtres cependant ont plus de lumières sur la navigation et l’astronomie que le reste du peuple ; et le nom de tahooua ne signifie rien autre qu’un homme éclairé. Comme il y a des prêtres pour toutes les classes, ils n’officient que dans celle à laquelle ils sont attachés ; le tahooua d’une classe inférieure n’est jamais appelé, pour faire ses fonctions, par des insulaires qui sont membres d’une classe plus distinguée, et le prêtre d’une classe supérieure n’exerce jamais les siennes pour des hommes d’un rang plus bas.

» Il nous paraît que le mariage, à Taïti, n’est qu’une convention entre l’homme et la femme, dont les prêtres ne se mêlent point ; dès qu’il est contracté, il semble qu’ils en tiennent les conditions. Mais les parties se séparent quelquefois d’un commun accord ; et, dans ce cas, le divorce se fait avec aussi peu d’appareil que le mariage.

» Quoique les prêtres n’aient point imposé de taxe sur les Taïtiens pour une bénédiction nuptiale, ils se sont approprié deux cérémonies dont ils retirent des avantages considérables : l’une est le tatouage (ou l’usage de se piquer la peau), et l’autre, la circoncision,