Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il la jette, non pas sur le corps, mais à côté. Ils remportent ensuite le cadavre à cent ou cent cinquante pieds de là, et bientôt après on le rapporte une seconde fois sur le rivage, où l’on renouvelle les prières et les aspersions. Ils le portent et reportent ainsi plusieurs fois ; et, tandis qu’ils font ces cérémonies, d’autres insulaires construisent un hangar et environnent de palissades un petit espace de terrain. Au centre de ce hangar, ou tépépaou, ils dressent des poteaux sur lesquels la bière est placée ; on y laisse pourir le cadavre, jusqu’à ce que la chair soit entièrement détachée des os.

» Ces hangars sont d’une grandeur proportionnée au rang de la personne dont ils doivent contenir le cadavre ; ceux qui sont destinés aux Taïtiens de la dernière classe n’ont que la longueur de la bière, et ne sont point entourés de palissades. Le plus grand que nous ayons jamais vu avait trente pieds de long ; les plus beaux tépépaous sont ornés suivant les facultés et l’inclination des parens du défunt, qui ne manquent jamais de mettre autour du mort une grande quantité de pièces d’étoffes, et qui quelquefois en couvrent presque entièrement l’extérieur du hangar. On dépose autour de ce lieu des guirlandes de noix de palmier ou pandanus, et des feuilles de cocotier, que les prêtres entrelacent en nœuds mystérieux, avec une plante qu’ils appellent éthé no moraï, et qui est particulièrement consacrée aux solennités funéraires. Ils laissent aussi, à