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en cérémonies ; lorsqu’ils visitent les malades, ils prononcent plusieurs fois certaines phrases qui paraissent être des formules établies pour ces occasions ; ils tressent en même temps très-proprement les feuilles d’un cocotier en différentes formes ; ils attachent quelques-unes de ces figures aux doigts et aux orteils du malade, et ils laissent souvent derrière lui un petit nombre de branches d’émidho (thespecia populnea) ; les prêtres répètent ces cérémonies jusqu’à ce que le malade meure ou recouvre la santé. S’il revient en santé, ils disent que les remèdes l’ont guéri, et s’il meurt, ils déclarent que la maladie était incurable, en quoi peut-être ces médecins ne diffèrent pas beaucoup de ceux des autres pays.

» Si nous jugeons de leurs connaissances en chirurgie par les larges cicatrices que nous leur avons vues quelquefois, nous devons supposer qu’ils ont fait plus de progrès dans cet art que dans la médecine, et que nos chirurgiens d’Europe auraient à peine l’avantage sur les leurs. Nous avons un homme dont le visage était entièrement défiguré par les suites de ses blessures ; son nez, y compris l’os et le cartilage, était absolument ras ; l’une de ses joues et un de ses yeux avaient reçu de si terribles coups, qu’ils y avaient laissé un creux où le poing pouvait presque entrer, et où il ne restait pourtant point d’ulcères. Topia, qui s’embarqua avec nous, avait été percé de part en part par une javeline, armée à sa pointe de l’os