Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servir à la teinture. Brown, dans son Histoire de la Jamaïque, fait mention de trois espèces de morinda, qui sont employées pour teindre en brun ; et Rumphius dit que les insulaires des Indes orientales se servent du bancuda angustifolia, qui approche beaucoup du nono de Taïti, comme d’une drogue qui fixe les couleurs rouges avec lesquelles elle a une affinité particulière.

Les Taïtiens teignent aussi en jaune avec le fruit du tamano ; mais nous n’avons pas eu occasion de découvrir comment ils en tirent cette couleur. Ils ont encore une manière de teindre en brun et en noir : ces couleurs sont si médiocres, que la méthode de les préparer n’a pas excité notre curiosité.

» La fabrication des nattes est une autre manufacture considérable des Taïtiens. Ils en ont qui sont plus belles et meilleures que celles que nous faisons en Europe : les plus grossières leurs servent de lits ; ils portent les plus fines dans les temps humides. Ils prennent bien des peines et emploient beaucoup de soins à faire ces dernières, dont il y a deux espèces. Les unes se font avec l’écorce du poërou (hibiscus tiliaceus) ; quelques-unes sont aussi fines qu’un drap grossier. Ils appellent ouanné l’autre espèce, qui est encore plus belle ; elle est blanche, lustrée et brillante : ils la fabriquent avec des feuilles de leur ouharrou, espèce de pandanus, dont nous n’avons pas eu occasion de voir les fleurs ni le fruit. Ils ont d’autres nattes,