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forme aux sentimens qui distinguent l’homme de la brute.

» Il ne faudrait pas attribuer à un peuple, sur de légères preuves, une pratique si horrible et si étrange ; mais j’en ai d’assez convaincantes pour justifier le récit que je viens de faire. Les Taïtiens, loin de regarder comme un déshonneur d’être agrégés à cette société, en tirent au contraire vanité, comme d’une grande distinction. Lorsqu’on nous a indiqué des personnes qui étaient membres d’un arreoï, nous leur avons fait, M. Banks et moi, des questions sur ce sujet, et nous avons reçu de leur propre bouche les détails que je viens de rapporter. Plusieurs Taïtiens nous ont avoué qu’ils étaient agrégés à ces exécrables sociétés, et que plusieurs de leurs enfans avaient été mis à mort.

» Je ne dois pas terminer la description de la vie domestique de ces insulaires sans parler de leur extrême propreté. Si ce qui diminue le bien-être et augmente les maux de la vie est un vice, sûrement la propreté doit être rangée au nombre des vertus : le défaut de cette qualité détruit la beauté et la santé de l’homme, et mêle du dégoût jusque dans ses plaisirs les plus vifs. Les Taïtiens se lavent constamment tout le corps dans une eau courante, trois fois par jour, à quelque distance qu’ils soient de la mer ou d’une rivière ; le matin, dès qu’ils sont levés, à midi, et le soir, avant de se coucher. J’ai déjà remarqué que, dans leurs repas, ils