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leurs mains, et ils ne connaissent point la manière d’accorder ensemble deux tambours de ton différent. Ils ont un expédient pour mettre à l’unisson les flûtes qui jouent ensemble ; ils prennent une feuille qu’ils roulent et qu’ils appliquent à l’extrémité de la flûte la plus courte ; ils la raccourcissent ou ils rallongent, comme on tire les tuyaux des télescopes, jusqu’à ce qu’ils aient trouvé le ton qu’ils cherchent ; ce dont leur oreille paraît juger avec beaucoup de délicatesse.

» Ils joignent leurs voix aux instrumens ; et, comme je l’ai remarqué ailleurs, ils improvisent en chantant : ils appellent pehaï ou chanson chaque distique ou couplet : ces vers sont ordinairement rimés, et lorsqu’ils étaient prononcés par les naturels, nous y reconnaissions un mètre. M. Banks prit beaucoup de peine pour en écrire quelques-uns qui furent faits à notre arrivée ; il tâcha d’exprimer leurs sons par la combinaison de nos lettres, le plus parfaitement qu’il lui fut possible ; mais en les lisant, comme nous n’avions pas leur accent, nous ne pouvions y retrouver ni le mètre ni la rime.

» Ils s’amusent souvent à chanter des couplets lorsqu’ils sont seuls ou avec leur famille, et surtout quand il est nuit : quoiqu’ils n’aient pas besoin de feu pour se chauffer, ils se servent pourtant d’une lumière artificielle entre le coucher du soleil et le temps où ils vont se reposer. Leurs chandelles sont faites d’une