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fruit à pain est le principal, et pour s’en procurer, ils n’ont d’autre peine qu’à grimper sur un arbre. Cet arbre n’est pas tout-à-fait une production spontanée de la nature ; mais le Taïtien qui, dans sa vie, en plante une dizaine, ce qui exige un travail d’une heure, remplit ses obligations à l’égard de ses contemporains et de la génération à venir aussi parfaitement que l’habitant de nos climats moins tempérés qui laboure pendant le froid de l’hiver moissonne à la chaleur de l’été, toutes les fois que reviennent ces saisons ; et qui, après avoir nourri sa famille, trouve moyen de laisser à ses enfans de l’argent et du bien.

» Il est vrai qu’ils n’ont pas toute l’année du fruit à pain ; mais les cocos, les bananes et beaucoup d’autres fruits suppléent à ce défaut.

» On imagine bien que la cuisine, chez ce peuple, n’est pas un art bien perfectionné. Ils n’ont que deux manières de préparer leurs alimens : l’une de les griller, et l’autre de les cuire au four. L’opération de griller quelque chose est si simple, qu’il n’est pas besoin de la détailler ici. Nous avons déjà parlé de leur manière de cuire au four, dans la description du repas que nous prépara Topia. Ils apprêtent ainsi fort bien les cochons et les gros poissons, et, suivant nous, ils sont plus succulens et plus également cuits que dans nos meilleures cuisines d’Europe. Ils cuisent aussi du fruit à pain dans un four pareil à celui que nous avons