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d’autres égards sont presque sans exemple ; et ceux à qui nous donnâmes des peignes se débarrassèrent bientôt de leurs poux avec un empressement qui nous fit voir qu’ils n’avaient pas moins d’aversion que nous pour cette vermine.

» Ils impriment sur leurs corps des marques suivant l’usage de plusieurs autres peuples, ce qu’ils appellent tatouer. Ils piquent la peau aussi profondément qu’il leur est possible, sans en tirer du sang, avec un petit instrument qui a la forme d’une houe. La partie qui répond à la lame est composée d’un os ou d’une coquille, qu’on a ratissé pour l’amincir, et qui est d’un quart de pouce à un pouce et demi de largeur. Le tranchant est partagé en dents ou pointes aiguës, qui sont depuis le nombre de trois jusqu’à vingt, suivant la grandeur de l’instrument. Lorsqu’ils veulent s’en servir, ils plongent la dent dans une espèce de poudre faite avec le noir de fumée qui provient de l’huile de noix, qu’ils brûlent au lieu de chandelles, et qui est délayée avec de l’eau. On place sur la peau la dent ainsi préparée, et en frappant à petits coups avec un bâton, sur le manche qui porte la lame, ils percent la peau, et impriment dans le trou un noir qui y laisse une tache ineffaçable : l’opération est douloureuse ; il s’écoule quelques jours avant que les blessures soient guéries. On la fait aux jeunes gens des deux sexes, lorsqu’ils ont douze à quatorze ans ; on leur peint sur plusieurs par-