Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

broussailles et sur un terrain marécageux, où chacun d’eux faisait des chutes à tous les pas. Le seul expédient qu’ils imaginèrent fut de faire du feu sur le lieu même ; mais la neige qui était sur terre, celle qui tombait encore, et celle qui était secouée à gros flocons de dessus les arbres, les mettait dans l’impossibilité d’allumer du feu dans ce nouvel endroit, ou d’y en porter de celui qu’ils avaient allumé dans le bois. Ils furent donc réduits à la triste nécessité d’abandonner ces malheureux à leur destinée, après leur avoir fait un lit de petites branches d’arbres, et les en avoir couverts jusqu’à une hauteur assez considérable.

Après être demeurés ainsi exposés à la neige et au froid pendant une heure et demie, quelques-uns de ceux qui n’avaient pas encore été saisis du froid commencèrent à perdre le sentiment ; entre autres Briscoe, un des domestiques de Banks, se trouva si mal, qu’on crut qu’il mourrait avant qu’on pût l’approcher du feu.

À la fin cependant ils arrivèrent au feu, et passèrent la nuit dans une situation qui, quoique terrible en elle-même, l’était encore davantage par le souvenir de ce qui s’était passé et par l’incertitude de ce qui les attendait. De douze hommes qui étaient partis le matin pleins de vigueur et de santé, deux étaient regardés comme morts ; un autre était si mal, qu’on doutait beaucoup qu’il pût revoir le lendemain ; et un quatrième, Buchan, était menacé de retom-