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tion du monde, avaient servi de lit à la mer, et élevés, par une explosion semblable, à une hauteur que les eaux ne peuvent jamais atteindre. L’une et l’autre de ces suppositions paraissent d’autant plus probables, que la profondeur de l’eau ne diminue point par degrés, à mesure qu’on approche de la côte, et que les îles sont presque partout environnées de récifs brisés et informes, et dans l’état où serait naturellement la substance solide du globe qui serait fracassée par quelque commotion violente. Il faut remarquer à cette occasion qu’on doit vraisemblablement attribuer la cause des tremblemens de terre à des eaux qui se précipitent tout à coup sur quelque grande masse d’un feu souterrain. Ces eaux raréfiées dans un instant et réduites en vapeurs, la mine éclate et lance différens corps vitrifiés, les coquilles et autres productions marines qui deviennent fossiles, et enfin les couches qui couvraient le foyer, tandis que les portions de terre des environs du trou s’éboulent et tombent dans le gouffre. Tous les phénomènes qu’on observe dans les tremblemens de terre semblent être d’accord avec cette théorie ; la terre, en s’affaissant, laisse souvent dans les endroits qu’elle occupait des lacs et différentes substances qui portent d’une manière visible l’empreinte de l’action du feu. Il est vrai que le feu ne peut pas subsister sans air ; mais il ne faut pas tirer de là une objection contre notre système, qui suppose qu’il y a du feu au-dessous de cette