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autres trois cent cinquante-quatre : la place était environnée de murailles et pavée de pierres plates dans toute son étendue ; il y croissait, malgré le pavé, plusieurs étoas, et des bananiers. À environ trois cents pieds à l’ouest de ce bâtiment, il y avait une espèce de cour pavée, où l’on voyait plusieurs petites plates-formes élevées sur des colonnes de bois, de sept pieds de hauteur. Les Taïtiens les nomment étouattas. Il nous parut que c’étaient des espèces d’autels, parce qu’ils y plaçaient des provisions de toute espèce en offrande à leurs dieux. Nous avons vu depuis sur ces autels des cochons tout entiers, et nous y avons trouvé des crânes de plus de cinquante de ces animaux, outre ceux d’un grand nombre de chiens.

» L’objet principal de l’ambition de ces peuples est d’avoir un magnifique moraï : celui-ci était un monument frappant du rang et du pouvoir d’Obéréa. Nous avons déjà remarqué que nous ne la trouvâmes pas revêtue de l’autorité qu’elle exerçait lors du voyage du Dauphin ; nous en savons à présent la raison. En allant de sa maison au moraï, le long de la côte de la mer, nous aperçûmes partout sous nos pieds une multitude d’ossemens humains, surtout de côtes et de vertèbres : nous demandâmes l’explication d’un spectacle si étrange, et l’on nous dit que dans le dernier mois de ouaraheou, qui répond au mois de décembre 1768, quatre ou cinq mois avant notre arrivée, le peuple de Tierrébou, péninsule sud-est