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vînmes à une langue basse de terre, ou isthme placé au fond de la baie, et qui partage l’île en deux péninsules, dont chacune forme un district ou gouvernement entièrement indépendant l’un de l’autre. Comme nous n’étions pas encore entrés dans le pays de notre ennemi, nous résolûmes de passer la nuit à terre : nous débarquâmes, et nous trouvâmes peu de maisons ; mais nous vîmes plusieurs doubles pirogues dont nous connaissions les maîtres, qui nous donnèrent à souper et un logis. M. Banks dut le sien à Ouratoua, la femme qui lui avait fait ses complimens au fort d’une manière si singulière.

» Le 27 au matin nous examinâmes le pays : c’est une plaine marécageuse d’environ deux milles, au travers de laquelle les insulaires portent leurs canots jusqu’à l’autre côté de la baie. Nous nous préparâmes alors à continuer notre route vers le canton que Titéboalo appelait l’autre royaume. Il nous dit qu’on nommait Tierrébou ou Taïti-Eté cette partie de l’île, et Ouahitéa le chef qui y gouvernait. Nous apprîmes aussi, à cette occasion, que la péninsule où nous avions dressé nos tentes s’appelait Opoureonéï ou O-Taïti-Neï. Titéboalo semblait avoir plus de courage que la veille ; il ne répéta plus que le peuple de Tierrébou nous tuerait ; mais il assura que nous ne pourrions pas y acheter des provisions : effectivement depuis notre départ du fort nous n’avions point eu de fruit à pain.

» Nous fîmes quelques milles en mer, et