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à ceux qui possédaient les effets qu’on nous avait dérobés, et que dans peu on ne nous les rapportât, puisque tous les Taïtiens y étaient intéressés. J’en fis la liste : elle était composée principalement du fourgon, du fusil qui avait été pris au soldat de marine, lorsque le Taïtien fut tué, des pistolets et des habits que M. Banks avait perdus à Atahourou, d’une épée qui appartenait à un de nos sous-officiers, et d’une barrique. Sur le midi on rendit le fourgon, et ils firent de vives instances pour que je relâchasse les pirogues ; mais je m’en tins toujours à mes premières conditions. Le lendemain 15 vint, et on ne rapporta rien de plus ; ce qui me surprit beaucoup, car les insulaires étaient dans le plus grand embarras pour leur poisson qui allait se gâter dans peu de temps. Je fus donc réduit à l’alternative désagréable de relâcher les pirogues contre ce que j’avais déclaré solennellement et en public, ou de les détenir au détriment de ceux qui étaient innocens, et sans que nous en retirassions aucun profit : j’avisai un expédient passager, je leur permis de prendre le poisson ; mais je retins toujours les pirogues : cette permission produisit de nouveaux désordres et de nouvelles injustices ; comme il n’était pas facile de distinguer à qui le poisson appartenait en particulier, ceux qui n’y avaient point de droit profitèrent de la circonstance, et pillèrent les pirogues. Ils réitérèrent leurs sollicitations pour que je renvoyasse ces bâtimens : j’avais alors