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choses dont ils pouvaient se passer, et dont ces bardes avaient besoin.

» Le 14, on commit au fort un vol qui nous jeta dans de nouvelles difficultés et dans de nouveaux embarras. Au milieu de la nuit un Taïtien trouva moyen de dérober un fourgon de fer qui nous servait pour le four ; on l’avait dressé par hasard contre la palissade, de sorte qu’on voyait en dehors le bout du manche. Nous apprîmes que le voleur qui l’avait lorgné le soir, était venu tout doucement sur les trois heures du matin, et que, guettant le moment où la sentinelle était détournée, il avait adroitement saisi le fourgon avec un grand bâton crochu, et l’avait tiré par-dessus la palissade. Je crus qu’il était important de tâcher de mettre fin à tous ces vols en employant un moyen qui rendrait les naturels intéressés eux-mêmes à les prévenir. J’avais donné ordre qu’on ne tirât pas sur eux, lors même qu’ils étaient pris en flagrant délit : j’avais pour cela plusieurs raisons ; je ne pouvais pas donner aux soldats de garde un pouvoir de vie ou de mort, dont ils seraient les maîtres de faire usage quand ils le voudraient, et j’avais déjà éprouvé qu’ils n’étaient que trop empressés à tuer légèrement lorsqu’ils en avaient la permission. Je ne croyais pas d’ailleurs que les vols que faisaient les Taïtiens fussent des crimes dignes de mort ; parce qu’on pend les voleurs en Angleterre, je ne pensai pas qu’on dût les fusiller à Taïti : c’eût été exécuter sur les natu-