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l’autre ne cherchait point à atteindre le but, on ne put pas comparer leur adresse. Toubouraï-Taimaïdé, voulant alors nous montrer ce qu’il était capable de faire, banda son arc, et décocha une flèche à huit cents pieds ; c’est-à-dire, à un peu plus d’un sixième de mille. Leurs flèches ne sont jamais empennées, et leur manière de tirer est singulière ; ils s’agenouillent, et au moment où la flèche part, ils laissent tomber l’arc.

» M. Banks, dans sa promenade du matin, rencontra des Taïtiens qu’il reconnut, après quelques questions, pour des musiciens ambulans ; dès que nous eûmes appris l’endroit où ils devaient passer la nuit, nous nous y rendîmes tous ; ils avaient deux flûtes et trois tambours, et une grande foule s’était assemblée autour d’eux. Ceux qui battaient du tambour accompagnaient la musique avec leurs voix, et nous fûmes fort surpris de découvrir que nous étions l’objet de leurs chansons. Nous ne nous attendions pas à rencontrer parmi les habitans sauvages de ce coin solitaire du globe une profession pour qui les nations les plus distinguées par leur esprit et leurs connaissances avaient de l’estime et de la vénération ; tels sont pourtant les bardes et les ménestrels de Taïti : ils improvisaient, et joignaient la musique de leurs instrumens au son de leurs voix ; ils allaient continuellement d’un lieu à l’autre, et le maître de la maison, ainsi que l’assemblée, leur donnaient en récompense les