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s’y charger d’un emploi, après qu’on lui eut dit qu’il ne pouvait pas y assister sans cette condition. Il alla donc le soir dans l’endroit où était déposé le corps, et il fut reçu par la fille de la défunte, quelques autres personnes et un jeune homme d’environ quatorze ans, qui se préparaient tous à la cérémonie. Toubouraï-Tamaïdé en était le chef. La figure de son habillement était extrêmement bizarre, et pourtant lui seyait assez bien. On dépouilla M. Banks de ses vêtemens à l’européenne ; les Taïtiens nouèrent autour de ses reins une petite pièce d’étoffe, et ils lui barbouillèrent tout le corps jusqu’aux épaules avec du charbon et de l’eau, de manière qu’il était aussi noir qu’un nègre. Ils firent la même opération à plusieurs personnes, et entre autres à quelques femmes qu’on mit dans le même état de nudité que lui ; le jeune homme fut noirci partout, et ensuite le convoi se mit en marche.

» Toubouraï-Tamaïdé proférait près du corps quelques mots que nous avons jugés être une prière : il récitait les mêmes paroles lorsqu’il fut arrivé dans sa maison ; ils continuèrent ensuite leur route vers le fort, dont nous leur avions permis d’approcher dans cette occasion, les Taïtiens ont coutume de s’enfuir avec la plus grande précipitation à l’arrivée du convoi ; dès qu’il fut aperçu de loin par ceux qui étaient aux environs du fort, ils allèrent se cacher dans les bois. Le convoi marcha du fort le long de la côte, et mit en fuite une autre