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en eux tant d’objets extraordinaires et nouveaux, qui venaient frapper à la fois leurs yeux. Je les fis descendre dans ma chambre ; ils regardaient autour d’eux avec une indifférence inconcevable, jusqu’à ce qu’un d’entre eux eut jeté les yeux sur un miroir : mais cet objet ne leur causa pas plus d’étonnement que les prodiges qui s’offrent à notre imagination dans un songe, lorsque nous croyons converser avec les morts, voler dans l’air, marcher sur la mer, sans réfléchir que les lois de la nature sont violées ; cependant ils s’amusèrent beaucoup de ce miroir ; ils avançaient, reculaient, et faisaient mille tours devant la glace, riant aux éclats, et se parlant avec beaucoup de chaleur les uns aux autres.

» Je leur donnai du bœuf, du petit-salé, du biscuit et d’autres provisions du vaisseau ; ils mangèrent indistinctement de tout ce qu’on leur offrit ; mais ils ne voulurent boire que de l’eau.

» De ma chambre je les menai dans toutes les parties du vaisseau ; ils ne regardèrent avec attention que les animaux vivans que nous avions à bord. Ils examinèrent avec assez de curiosité les cochons et les moutons, et s’amusèrent infiniment à voir les pintades et les dindons.

» Ils ne parurent désirer de tout ce qu’ils voyaient que nos vêtemens, et un vieillard fut le seul d’entre eux qui nous en demanda ; nous lui fîmes présent d’une paire de souliers avec