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lorsqu’un de mes officiers, arrivant de terre, m’apporta une lettre qui lui avait été remise par un nègre. Elle était adressée « au commandant du vaisseau anglais, à Bonthain, » et m’avertissait que les Hollandais, de concert avec le roi de Bony, avaient formé le projet de nous égorger ; que les premiers, pour ne pas se compromettre, ne paraîtraient pas, et que le coup serait exécuté par un fils du roi de Bony, qui, outre une somme que les Hollandais lui paieraient, aurait pour sa part le pillage de la corvette ; enfin que ce personnage était en ce moment à Bonthain avec huit cents hommes. La lettre ajoutait que les liaisons que j’avais formées avec les Bogghis et les autres peuples ennemis des Hollandais m’avaient attiré cette attaque ; qu’on craignait d’ailleurs qu’arrivé en Angleterre je ne fournisse à mes compatriotes des renseignemens qui leur feraient concevoir des desseins contre la compagnie hollandaise, puisque jamais un vaisseau de guerre de mon pays n’avait visité cette île.

» Pour bien comprendre cette lettre, il faut savoir que l’île de Célèbes est partagée en plusieurs territoires qui ont chacun leur souverain particulier. La ville de Macassar est située dans un territoire qui porte le même nom que celui de Bony, et dont le roi est allié des Hollandais. Ceux-ci ont été repoussés dans leurs tentatives pour subjuguer les autres parties de l’île, dont une est habitée par les Bogghis, et l’autre se nomme Ouaggs ou Tosora. La ville de Tosora