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forces ? à me priver par la suite du moyen de me procurer du bois et de l’eau sans risquer la vie de mon monde. J’espérais acheter de gré à gré des provisions à la ville où j’avais dessein d’aller, étant en état de me défendre contre une attaque inattendue. »

En quittant Mindanao, Carteret fit route à l’ouest pour passer par le détroit de Macassar, entre Bornéo et Célèbes. Le 3 décembre, étant par 2° 31′ de latitude sud et 117° 12′ de longitude est, près de Célèbes, il fut attaqué à minuit par un pirate qui fit un feu très-vif avec des pierriers et des fusils : on lui répondit si efficacement, que ce bâtiment ne tarda pas à couler à fond avec tous les misérables qui le montaient. Cependant le lieutenant et un matelot anglais avaient été blessés, mais peu dangereusement ; une partie des manœuvres courantes fut coupée. Carteret apprit ensuite que le bâtiment qui l’avait assailli appartenait à un pirate qui avait plus de trente bâtimens semblables.

Le 12 décembre il eut le chagrin de s’apercevoir que la mousson de l’ouest avait commencé, et qu’il lui était impossible d’arriver durant cette saison à Batavia. Il avait déjà perdu treize hommes ; trente autres étaient aux portes de la mort ; tous ses officiers subalternes étaient malades ; son lieutenant et lui-même, sur lesquels roulait tout le service, étaient d’une faiblesse extrême. Dans de si tristes conjonctures, il ne pouvait pas tenir la