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Mindanayens passèrent le reste du jour à entrer dans les bois et à en sortir, comme s’ils se fussent exercés à attaquer un ennemi. Quelquefois ils lançaient leurs traits et leurs lances dans la mer, du côté de la corvette ; d’autres fois ils élevaient leurs boucliers en l’air, et agitaient leurs sabres comme pour nous menacer. De mon côté, je ne restais pas oisif ; je faisais monter les canots, réparer nos agrès, et tout mettre en ordre pour repousser une attaque. Le soir, étant prêt à appareiller, je voulus essayer d’avoir une autre entrevue avec les Mindanayens, et d’apprendre la cause d’un changement si subit et si extraordinaire dans leurs procédés à notre égard. Le canot se dirigea, par précaution, vers un endroit du rivage dégarni de bois, afin de n’être pas surpris au dépourvu par des ennemis embusqués ; j’avais aussi défendu que personne descendît à terre. Les Mindanayens, voyant que le canot était arrivé près de la côte, et que personne ne débarquait, envoyèrent un des leurs, armé d’un arc et de flèches, qui fit signe à nos gens d’aborder dans l’endroit où il était. Le lieutenant, qui tenait le pavillon blanc, eut la prudence de ne pas se rendre à cette invitation ; il attendit quelque temps, et comme il vit qu’il ne pouvait pas obtenir de conférence à d’autre condition, il revint au vaisseau. Il ne dépendait certainement que de moi de tuer un grand nombre d’hommes parmi ce peuple si peu hospitalier ; mais à quoi aurait abouti cet usage de nos