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nous étions en mer. Tel était notre état lorsque le 12, à la pointe du jour, nous découvrîmes une terre. Le transport subit d’espérance et de joie que cet événement nous inspira ne peut être comparé qu’à celui que ressent un criminel qui entend sur l’échafaud le cri de sa grâce. Nous reconnûmes ensuite que cette terre était un groupe d’îles : j’en comptai sept, et je crois qu’il y en a un plus grand nombre. Nous fîmes route sur deux de ces îles, et le soir nous laissâmes tomber l’ancre au nord-est de la plus grande et la plus élevée des deux, par trente brasses bon fond et à environ trois encâblures de la côte. Nous vîmes bientôt paraître des naturels de l’île, qui étaient noirs, à tête laineuse, et entièrement nus. Je dépêchai sur-le-champ le maître avec le canot pour chercher une aiguade, et parler à ces insulaires ; mais ils disparurent avant qu’il pût aborder au rivage. Le maître me dit à son retour qu’il y avait un bon courant d’eau douce vis-à-vis du vaisseau et tout prêt de la côte ; mais que tout le pays, dans cette partie, étant une forêt impénétrable jusqu’au bord de l’eau, il serait difficile et même dangereux d’y en puiser, si les insulaires voulaient nous opposer de la résistance : il ajouta qu’il n’y avait point de végétaux comestibles pour rafraîchir les malades, et qu’il n’avait point vu d’habitations dans cette partie de l’île, qui est sauvage, déserte et montagneuse.

» Après avoir réfléchi sur ce rapport, et voyant