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il fut bien surpris de voir un nombre considérable d’hommes près du rivage, une maison et quatre pièces de canon au bord de l’eau ; et, dans l’intérieur, un fort construit sur le penchant d’une montagne et portant un pavillon espagnol. Il vit beaucoup de bétail paissant sur le sommet des collines, qui lui parurent cultivées. Il aperçut aussi de grands bateaux amarrés sur le rivage. La violence du vent contraire l’empêcha d’approcher de la baie ; alors il gagna Masafuéro. Ce fut avec beaucoup de peine que la chaloupe et les canots purent aborder pour remplir les futailles d’eau, pendant que la corvette, mouillée le long de la côte occidentale, était exposée aux rafales, qui, plusieurs fois, la firent chasser sur ses ancres, et la forcèrent à changer de mouillage. Dès que Carteret eut repris à bord ses gens et ses embarcations, il s’éloigna de ce parage où il n’avait éprouvé que des coups de vent. « Heureux, dit-il, de ne laisser derrière moi que le bois que les matelots avaient coupé pour notre chauffage. »

La description que Carteret donne de Masafuéro rectifie sur quelques points celle que l’on a lue dans la relation du voyage d’Anson. Elle gît à l’ouest de Juan Fernandès, dont elle est éloignée de trente-une lieues. Elle est très-élevée et montagneuse : et de loin elle ne paraît former qu’un grand rocher. Sa forme est triangulaire ; elle a près de huit lieues de circonférence. La partie méridionale