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vrier, fit prendre le parti de quitter ces horribles climats. L’équipage était malade, ou épuisé de fatigues ; on n’avait, on ne pouvait espérer aucun rafraîchissement pour soulager ceux qui souffraient ; toutes les volailles, tous les moutons avaient péri par le froid ; les bâtimens étaient dans un triste état. Le 18 on prit la route de Madagascar. Kerguelen préféra cette relâche à celle de l’Île-de-France, parce qu’il était sûr d’y arriver plus tôt, qu’il ne voulait pas surcharger la colonie de ses malades, qu’il n’aurait pas trouvé à l’Île-de-France de la viande fraîche et des rafraîchissemens, et que la saison des ouragans régnait encore à cette dernière île. Il mouilla, le 20 février, dans la baie d’Antougil, et alla ensuite au cap de Bonne-Espérance. Il perdit beaucoup de monde pendant ces deux traversées. Le 7 septembre il était de retour à Brest.

Le résultat de ce voyage ne fut ni brillant ni utile. Kerguelen convient lui-même que sa terre australe est située dans un climat très-rigoureux ; il ne croit pas qu’elle soit habitée, et dit qu’il aimerait mieux vivre en Islande. Au reste, cette campagne eut des suites funestes pour Kerguelen. Accusé par un officier de son vaisseau d’avoir mal rempli sa mission, de s’être conduit d’une manière peu convenable envers les personnes de son état-major, et d’avoir abandonné une embarcation avec tout son équipage dans les parages déserts où il naviguait, et d’où elle ne fut tirée que par une es-