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le nord-nord-ouest, à environ neuf lieues. Peu de temps après on découvrit dans le nord-est, à quatre ou cinq lieues, une autre petite île que sa ressemblance avec Oueffant fît appeler de ce nom. On continua la bordée au nord-est, espérant doubler toutes les terres, lorsque onze heures on en découvrit une nouvelle, à peu près du côté vers lequel on se dirigeait, et des brisans qui paraissaient venir joindre Oueffant. Dans le nord-ouest de ces îles on voyait une autre chaîne de brisans qui s’allongeait à une demi-lieue. La première île semblait être aussi entre deux chaînes de brisans.

« Tous les navigateurs qui sont venus dans ces parages, continue Bougainville, avaient toujours redouté de tomber dans le sud de la Nouvelle-Guinée, et d’y trouver un golfe correspondant à celui de la Carpentarie, d’où il leur fût ensuite difficile de se relever. En conséquence, ils ont tous gagné de bonne heure la latitude de la Nouvelle-Bretagne, sur laquelle ils allaient attérir. Tous ont suivi les mêmes traces ; nous en ouvrions de nouvelles, et il fallait payer l’honneur d’une première découverte. Malheureusement le plus cruel de nos ennemis était à bord, la faim. Je fus obligé de faire une réduction considérable sur la ration de pain et de légumes. Il fallut aussi défendre de manger le cuir dont on enveloppe les vergues, et les autres vieux cuirs, cet aliment pouvant donner de funestes indigestions. Il nous restait une chèvre, compagne fidèle de nos