Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand nombre de personnes, et ne risquent jamais de chavirer. Ce sont celles dont nous avons toujours vu les chefs se servir ; elles vont, ainsi que les pirogues simples, à la rame et à la voile : les voiles sont composées de nattes étendues sur un carré de roseaux dont un des angles est arrondi.

» Les Taïtiens n’ont d’autre outil pour tous ces ouvrages qu’une herminette, dont le tranchant est fait avec une pierre noire très-dure. Elle est absolument de la même forme que celle de nos charpentiers, et ils s’en servent avec beaucoup d’adresse. Ils emploient, pour percer les bois, des morceaux de coquilles fort aigus.

» La fabrique des étoffes singulières qui composent leurs vêtemens n’est pas le moindre de leurs arts. Elles sont tissues avec l’écorce d’un arbuste que tous les habitans cultivent autour de leurs maisons. Un morceau de bois dur, équarri et rayé sur ses quatre faces par des traits de différentes grosseurs, leur sert à battre cette écorce sur une planche très-unie. Ils y jettent un peu d’eau en la battant, et ils parviennent ainsi à former une étoffe très-égale et très-fine, de la nature du papier, mais beaucoup plus souple et moins sujette à être déchirée. Ils lui donnent une grande largeur ; ils en ont de plusieurs sortes, plus ou moins épaisses, mais toutes fabriquées avec la même matière ; j’ignore la méthode dont ils se servent pour les teindre.