Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

approcher de ce lieu consacré aux mânes : Emoé, il dort, nous disaient-elles. Lorsqu’il ne reste plus que les squelettes, on les transporte dans la maison, et j’ignore combien de temps on les y conserve. Je sais seulement, parce que je l’ai vu, qu’alors un homme considéré dans la nation vient y exercer son ministère sacré, et que dans ces lugubres cérémonies, il porte des ornemens assez recherchés.

» Nous avons fait sur sa religion beaucoup de questions à Aotourou, et nous avons cru comprendre qu’en général ses compatriotes sont fort superstitieux ; que les prêtres ont chez eux la plus redoutable autorité ; qu’indépendamment d’un être supérieur nommé Eri-t-Era, le Roi du soleil ou de la lumière, être qu’ils ne représentent par aucune image matérielle, ils admettent plusieurs divinités, les unes bienfaisantes, les autres malfaisantes ; que le nom de ces divinités ou génies est Eatoua ; qu’ils attachent à chaque action importante de la vie un bon et un mauvais génie, lesquels y président et décident du succès ou du malheur. Ce que nous avons compris avec certitude, c’est que, quand la lune présente un certain aspect qu’ils nomment malama tamaï, lune en état de guerre, aspect qui ne nous a pas montré de caractère distinctif qui puisse nous servir à le définir, ils sacrifient des victimes humaines. De tous leurs usages, un de ceux qui me surprend le plus, c’est l’habitude qu’ils ont de saluer ceux qui éternuent, en leur di-