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gimes de bananes embellissaient la marche et promettaient la paix. Je descendis aussitôt avec un assortiment d’étoffes de soie et des outils de toute espèce ; je les distribuai aux chefs, en leur témoignant ma douleur du désastre arrivé la veille, et les assurant qu’il serait puni. Les bons insulaires me comblèrent de caresses ; le peuple applaudit à la réunion, et en peu de temps la foule ordinaire et les filous revinrent à notre quartier, qui ne ressemblait pas mal à une foire. Ils apportèrent ce jour et le suivant plus de rafraîchissemens que jamais : ils demandèrent aussi qu’on tirât devant eux quelques coups de fusil, ce qui leur fit grand’peur, tous les animaux tirés ayant été tués raides.

» Le canot que j’avais envoyé pour reconnaître le côté du nord, était revenu avec la bonne nouvelle qu’il y avait trouvé un très-beau passage. Il était alors trop tard pour en profiter ce même jour : la nuit s’avançait ; heureusement elle fut tranquille à terre et à la mer. Le 14 au matin les vents étant à l’est, j’ordonnai à l’Étoile, qui avait son eau faite, et tout son monde à bord, d’appareiller, et de sortir par la nouvelle passe du nord. Nous ne pouvions mettre à la voile par cette passe qu’après la flûte mouillée au nord de nous ; à onze heures elle appareilla. À deux heures après midi nous eûmes la satisfaction de découvrir l’Étoile en dehors de tous les récifs : notre situation, dès ce moment, devenait moins terrible ; nous venions au moins de nous assurer le retour dans notre