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compatriote avait eu tort ; car ils continuèrent à venir à notre quartier avec leur confiance accoutumée. On me rapporta qu’on avait vu beaucoup de gens emporter leurs effets à la montagne, et que même la maison d’Ereti était toute démeublée. Je lui fis de nouveaux présens, et ce bon chef continua à nous témoigner la plus sincère amitié.

» Cependant je pressais nos travaux de tous les genres ; car, encore que cette relâche fût excellente pour nos besoins, je savais que nous étions mal mouillés. En effet, quoique nos câbles, paumoyés presque tous les jours, n’eussent pas encore paru ragués, nous avions découvert que le fond était semé de gros corail, et d’ailleurs, en cas d’un grand vent du large, nous n’avions pas de chasse. La nécessité avait forcé de prendre ce mouillage, sans nous laisser la liberté du choix, et bientôt nous eûmes la preuve que nos inquiétudes n’étaient que trop fondées.

» Le 12, à cinq heures du matin, les vents étant venus au sud, notre câble et un grelin furent coupés sur le fond. Nous mouillâmes aussitôt notre grande ancre ; mais avant qu’elle eut pris fond nous tombâmes sur l’Étoile, que nous abordâmes à bas-bord. Nous virâmes sur notre ancre, et l’Étoile fila rapidement, de manière que nous fûmes séparés avant d’avoir souffert aucune avarie. Nous relevâmes ensuite notre grande ancre, et rembarquâmes le grelin et le câble coupés sur le fond. Celui-ci l’a-